Alonso, le maître de ballet

La guerre stratégique des pneus a été remportée par Fernando Alonso ce dimanche. L'Espagnol a glané le Grand Prix de Chine devant Kimi Räikkönen et Lewis Hamilton qui a su résister au retour de Sebastian Vettel, quatrième. Romain Grosjean termine 9e.

Poker menteur, calculs, salve d'arrêts aux stands et derniers tours au sprint, leGrand Prix de Chine s'est transformé en pièce de théâtre dramatique ce dimanche, maintenant le suspense jusqu'au bout. Les rebondissements multiples sont dus à un nom: Pirelli. Les pneus rendent décidément difficiles la lecture du classement et l’établissement d’une hiérarchie. Conçus pour favoriser le spectacle, ces gommes à l’usure prématurée, soudaine et à la compréhension bien délicate pour les ingénieurs, remplissent à merveille ce rôle. Au grand dam des amateurs d’une Formule 1 "à l’ancienne" où la performance et le talent d’un pilote prennent le dessus sur la stratégie et l’économie.

Shanghai n’en a pas moins sacré un grand acteur ce dimanche. Fernando Alonsole promettait samedi à l’issue des qualifications, sa Ferrari était performante et il se placerait parmi les grands favoris malgré une présence en deuxième ligne derrièreLewis Hamilton et Kimi Räikkönen. L’Asturien a confirmé les attentes et ses espoirs, lui qui était resté frustré d’un Grand Prix de Malaisie conclu dans le bac à graviers dès le début du deuxième tour.

Comme ses camarades du haut de grille, Alonso est parti avec les fameuses gommes tendres, très rapides mais à la durée de vie ultra courte : quelques tours tout au plus. Le pilote Ferrari, auteur d’un bon départ comme Massa pour passer Räikkönen au premier virage, s’arrête d’ailleurs dès le sixième tour, une boucle après Hamilton. Tous les leaders passent alors les pneus mediums pour effectuer un relais plus long. Dans le même temps, Webber poursuit son week-end maudit. Relégué au dernier rang suite à sa panne d’essence samedi en qualifications, l’Australien attaque Vergne mais percute la Toro Rosso du Français au 16e tour et est contraint de rentrer aux stands pour changer son aileron avant. Il en profite pour changer de pneus mais une roue mal serrée s’envole dans le tour suivant, le contraignant à l’abandon !

Vettel finit au sprint

Devant, Alonso accélère et avale un à un les pilotes partis en pneus médiums. Avec de nouvelles gommes suite à son deuxième arrêt au 23e tour, il prend les commandes de la course en doublant sans difficulté Vettel au 29e tour, l’Allemand étant lui en fin de relais avec des gommes usagées. L’Espagnol imprime alors un rythme d’enfer et double de nouveau Vettel suite à son troisième et dernier arrêt (41e tour) avant d'enchaîner les tours de qualifications. Räikkönen ne peut suivre mais défend bien sa deuxième place devant Hamilton, malgré un aileron avant endommagé dans un contact avec Perez. Vettel termine, lui, tambour battant.

L’Allemand, parti en pneus médiums, est contraint de s’arrêter à trois tours du but pour chausser son train obligatoire de pneus tendres. Le triple champion du monde laisse filer la Lotus et la Mercedes mais repart au sprint pour tenter de revenir sur Hamilton. Vettel tourne alors trois secondes plus vite que ses rivaux ! En vain, l’Allemand finit dans les échappements du Britannique et ne peut monter sur le podium, une première absence cette saison. Alonso s’impose en maître et oublieSepang. Il offre surtout sa première victoire en 2013 à une Scuderia privée de succès depuis 12 Grand Prix (Allemagne 2012 avec Alonso). Au classement du championnat, Vettel n’a plus que trois points d’avance sur Räikkönen et neuf sur Alonso. Et dire qu’une nouvelle bagarre des pneus aura lieu dès dimanche prochain dans la chaleur de Sakhir… Les cerveaux des stratèges vont encore être mis à rude épreuve. Pour une nouvelle pièce à succès ?